Les cas de jeunes gens, parfois encore adolescents, profitant de la prostitution de personnes encore juvéniles se multiplient. Comme si le besoin forcené de consommation de produits à la mode abolissait toute forme de respect de l’être humain.
En défense, Gaëlle Moquet sur le fait que les deux jeunes suspects ne sont pas désocialisés et assurent qu’ils peuvent reprendre leur place dans la société.
L’un est encore lycéen. L’autre a quitté le système scolaire l’an dernier. Autre signe particulier bien marquant : tous deux vivent encore chez leurs parents. Une évidence pour Andria Lumumba, 19 ans, ou même pour Ibrahima Fall, 22 ans.
Fin septembre, ce géant élégant et bien charpenté sort d’un restaurant lillois. Son regard croise celui de X., une jeune Tourquennoise. Un coup de foudre ? Les « conversations » se poursuivront sur Snapchat. K. finira par rejoindre celui qu’elle surnommera Ghost. Quelques jours plus tard, la maman de K. alertera la police. Sur un site spécialisé dans la prostitution, elle a reconnu… sa salle de bain. Une demoiselle au visage camouflé y prend des postures lascives. Les textes, eux, sont éloquents.
K. est née en 2005. Elle a 14 ans et, en quelques jours d’automne, connaît un périple entre différents hôtels de Villeneuve-d’Ascq et Lille, avant d’atterrir dans un appartement de la rue Abélard à Lille, loué via la plate-forme AirBnB. « Si les clients semblent avoir des réticences à aller dans les hôtels, ça commence à marcher plus fort dans les appartements », grince le président Ludovic Duprey. À ce moment, la police est déjà sur les dents. Elle photographiera notamment Ibrahima Fall aux aguets face à l’immeuble. « J’attendais le livreur de burgers », tente maintenant ce géant. « Pour moi, elle était majeure. » Il poursuit : « C’est elle qui a proposé les tarifs … »
“Pour quelques centaines d’euros”
Étrange climat où Fall, tout comme Lumumba, interpellés le 7 octobre dernier, paraissent totalement inconscients de la gravité des transgressions qui leur sont reprochées. La procureure Aline Clérot est hors d’elle, souhaitant une sanction pour que « plus jamais, ces deux hommes n’utilisent la vie des autres pour des burgers, des I Phone et des I Pad ».
Les quelques centaines d’euros glanés à l’occasion de cette sordide traite de gamine ont visiblement été flambées en produits de consommation de masse. Les deux proxénètes en herbe risquent clairement la prison. Ont-ils séquestré, brutalisé leur proie ? « Non ! », assurent les suspects.
« Je lui ai dit de rentrer chez elle », répète même Lumumba. En défense, Isabelle Henocque et Gaëlle Moquet jouent très gros. « Ibrahima Fall a été scolarisé jusqu’à l’an dernier, insiste ainsi Me Moquet. Il n’a pas végété et part sur un autre dispositif. » Sanction : deux ans de prison pour Fall, dont six mois avec sursis et mise à l’épreuve, dix-huit mois pour Lumumba, dont huit SME. Ils ont été incarcérés immédiatement.
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